Le drame de la grotte de la Creuse - BLAMONT - DOUBS
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Effroyable accident, tragédie, drame, catastrophe, ... tels sont les termes employés par les médias du pays pour relater l’accident du 11 novembre 1950 survenu dans la grotte de la Creuse à Blamont.
Une petite sortie spéléologique banale venait de se transformer en deuil national.
Mais que s’est-il passé ?
Visages des disparus (photo aimablement transmise par Madame Paulette Treuthard)
LE "TROU DE CREUSE" :
Le "Trou de Creuse" communément appelé dans le secteur, s’ouvre au pied d’une forte pente boisée de 90 m de hauteur, que domine le village de Blamont, au fond d’une reculée typique du relief karstique : Le vallon de Creuse.
L’orifice d’entrée, à 480 m d’altitude, se présente par un petit porche de 1 m de hauteur pour 1,50 m de largeur, aujourd’hui fermé par une grille. Le ruisseau de Creuse en sort, emprunte le vallon du même nom, reçoit quelques petits affluents et se jette dans la Doue à l’entrée du village de Glay, pour former le Gland, affluent du Doubs.
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CONNAISSANCE DE LA CAVITE :
La grotte de la Creuse est mentionnée dans plusieurs ouvrages anciens en tant que fontaine, lavoir ou lieu-dit. La galerie d’entrée a certainement été visitée par les fontainiers et chercheurs d’eau.
Le premier compte-rendu est le fait d’Eugène Fournier dans ses 6éme campagnes (1903 - 1904). Il nous fait part de son exploration jusqu’à 300 mètres de l’entrée.
LES EAUX SOUTERRAINES, SOURCES, RESURGENCES, ... E. FOURNIER - 1926.
Le 15 juillet 1934, l’équipe Wéité réalise l’exploration et donne un compte-rendu très concis dans sa première campagne : "très pénible, à revoir ..."
Le 16 octobre 1970, soit 20 ans après l’accident, le GS Porrentruy découvre la voûte mouillante désamorcée de quelques centimètres, fait baisser le niveau en creusant un chenal et trouve la suite.
En novembre, le même club remonte la cheminée de la cascade.
L’exploration est interrompue en 1971, le maire de Blamont ayant décidé d’interdire l’accès aux étrangers ...
A la demande du GS Porrentruy, des pourparlers sont entrepris par le GS Catamaran auprès du maire ... Ils débouchent par une expédition nocturne et clandestine franco-suisse le 24 octobre 1971.
Au cours de cette sortie commune, la partie amont de la cavité est découverte et la topographie globale réalisée, soit 1152 mètres.
Pratique de la BIOSPEOLOGIE :
La biospéologie, quelquefois nommée biospéléologie, est l’étude des organismes cavernicoles, c’est-à-dire vivants à l’intérieur des cavités terrestres.
Le club de Lure semble, à l’époque, très concerné par la pratique de la biospéologie. Cela est dû, pour l’essentiel, aux travaux de Raoul Simonin, devenu correspondant de la faculté de Nancy et qui collecte des spécimens. Les sorties du GSL sont donc motivées par la recherche de ces organismes.
D’ailleurs, nous avons rencontré la thésarde BRESSON Jeanine qui a étudié les aselles retrouvées dans les poches de Raoul Simonin le 11 novembre 1950 !
En hommage à sa mémoire, une nouvelle espèce sera nommée Asellus (Baicalasellus) Simonini avec en nota : Espèce dédiée à Raoul SIMONIN du Groupe spéléologique luron.
LA VISITE INTERCLUBS :
La presse régionale et nationale a fourni une large évocation de cet accident. Les récits sont parfois divergents. Ci-dessous le déroulement de cette expédition le plus plausible ...
Le 10 novembre 1950, treize spéléologues arrivent au matin à Blamont pour visiter la grotte de la Creuse et également capturer des cavernicoles.
Quatre d’entre eux appartiennent au club de Lure (André MAIREY, Emile DURUPT, Raoul SIMONIN et Jacques FREYMINET) et les quatre autres au club de Belfort (Maurice ROTH, Michel MOZER, Antonio SALVADOR et Claude VIEN).
Un autre groupe (André ECREMENT, François MASSON, Jean COUILLEBOT, Jean CUEZAT et Ginette ROTH) avait prévu de descendre le même jour au Trou de la Chouette (La presse parle du Trou de la Chouette à Villars-Les-Blamont. Mais il s’agit certainement du Creux Serré à Chamesol, beaucoup plus proche et plus rapide à explorer et où la découverte de la galerie supérieure avait été réalisée la semaine précédente. André POILLET nous avait confirmé cette version de son vivant).
Les deux groupes se sont fixés rendez-vous vers 19 h pour l’apéritif commun avec le docteur AUMEUNIER, avec un délai de sécurité à 23 h.
Le matin, les spéléologues descendent accompagné d’AUMEUNIER, un passionné de Blamont qui était venu leur indiquer l’entrée.
Les spéléologues s’équipent dans la grange d’Ernest CATTIN.
L’entrée dans la cavité se fera vers 15 h, après le repas, alors qu’il pleut légèrement.
Au cours de la visite, Jacques FREYMINET fortement indisposé par le froid, renonce à l’exploration vers 17 h et regagne la sortie.
Le groupe parti explorer le Trou de la Chouette sort vers 20h30, mais se perd au retour et arrive au rendez-vous vers 22h30.
Sans nouvelle du deuxième groupe, Jacques FREYMINET devient inquiet. Très rapidement, vers 23h30, un groupe composé de Jacques FREYMINET, Ginette ROTH et deux agriculteurs Mrs VANNIERr et CATTIN, se rend à l’entrée de la grotte de la Creuse et ne trouve pas de trace des spéléologues.
Mrs FREYMINET et CATTIN se rendent chez le docteur AUMEUNIER pour déclencher les secours.
Vers 2 h du matin, le corps de Emile DURUPT est retrouvé à quelques mètres de la sortie de la grotte, suivi de celui de Antonio SALVADOR.
Vers 9 h du matin, un spéléologue secouriste réussi à pénétrer dans la galerie et retrouve le corps de Raoul SIMONIN.
Le niveau des eaux baissant, vers 15h15 des spéléos locaux poursuivent les recherches et trouvent le corps de Maurice ROTH qu’ils parviennent à extraire. Ils signalent également la présence d’un autre corps dans le siphon.
Environ un quart d’heure plus tard, les corps de Michel MOZER suivi de Claude VIEN sont retirés.
La Creuse le 12 novembre 1950 ...
Vers 18 h 45, un pompier de Paris déclare avoir cru entendre une réponse à ses appels.
Entre 20 h et 20h30, les pompiers de Paris parviennent à progresser d’environ 150 m.
Il est 21 h lorsque André MAIREY est retrouvé vivant par les sauveteurs. A 21 h 20, il sort de la cavité
La Creuse le 13 novembre 1950 ...
André POILLET à l’entrée de la cavité après l’accident...
LES EXPLORATEURS :
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Michel MOZER (♂ 1932, † 11/11/1950), étudiant, spéléologue au Groupe Spéléologique Belfortain
âgé de 18 ans en 1950.
JacquesFREMINET (♂ 1932, ?), étudiant, spéléologue au Groupe Spéléologique de Lure
âgé de 18 ans en 1950.
Emile DURUPT (♂ 1925, † 11/11/1950), mineur, spéléologue au Groupe Spéléologique de Lure
âgé de 25 ans en 1950.
Antonio SALVADOR (♂ 1925, † 11/11/1950), charpentier, spéléologue au Groupe Spéléologique Belfortain
âgé de 25 ans en 1950.
Raoul SIMONIN (♂ 1925, † 11/11/1950), employé d’une ccpérative agricole, spéléologue au Groupe Spéléologique de Lure
âgé de 25 ans en 1950.
Maurice ROTH (♂ 1922, † 11/11/1950), chromeur-étalagiste, spéléologue au Groupe Spéléologique de Lure
âgé de 28 ans en 1950.
Claude VIEN (♂ 12 octobre 1921, † 12/11/1950), commerçant, spéléologue au Groupe Spéléologique Belfortain
âgé de 28 ans en 1950.
André MAIREY (♂ 1914, † 10/04/2006), docteur, président du Groupe Spéléologique de Lure
âgé de 36 ans en 1950.