Les bassins versants : l’exemple des pertes du Buhin
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Un bassin versant est un territoire qui draine l’ensemble de ses eaux vers un exutoire commun, cours d’eau ou mer.
On parle aussi de bassin versant d’une source : c’est la zone de terrain dont les infiltrations constituent l’alimentation.
Les limites géographiques du « bassin versant réel » d’une rivière diffèrent souvent de beaucoup par rapport aux lignes naturelles de « partage des eaux » observées dans le paysage : lignes de crête des reliefs montagneux séparant les versants des autres vallées (appelés parfois « bassin versant topographique »). En effet, le « bassin versant réel » prend en compte les eaux souterraines provenant des pluies qui s’infiltrent dans le sous-sol lorsqu’il est perméable.
En région calcaire, les réseaux souterrains complexes du karst vont souvent drainer des eaux dans des terrains situés à l’extérieur du « bassin versant topographique » apparent où sont situées leurs résurgences.
Chaque bassin versant possède un fonctionnement spécifique qui doit être reconnu par les habitants et pris en compte par les pouvoirs publics pour assurer une gestion adaptée et durable des eaux et de l’environnement.
Les pertes du ruisseau de Buhin
Texte de Jean-Marie Frossard
Dans le vaste bassin fermé du plateau calcaire de Sancey, le Buhin collecte les ruisseaux issus des exutoires du massif dominant et s’infiltre ensuite dans une succession de pertes pour alimenter les "sources" de la vallée du Cusancin, un affluent du Doubs qu’il rejoint à Baume-les-Dames.
Ces pertes jalonnent le ruisseau du Buhin selon son débit. En temps ordinaire, il disparaît dans des fissures, au lieu dit "la Lavière". En période humide, il descend dans un bassin inférieur, qu’occupent les villages de Chasot et Orve, pour se jeter dans le puits Fenoz.
La carte ci-dessous pointe les sites emblématiques :
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Les pertes de Lavière
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Le Puits Fenoz à Chazot
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Perte des Pommiers à Chazot
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Le creux des Alloz à Vellefans : regard sur le ruisseau souterrain situé entre les pertes du secteur du puits Fenoz et la source bleue
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La source bleue à Cusance
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La source noire à Cusance
Diverses colorations effectuées par le Service Régional des eaux ont démontré que le Puits Fenoz alimente principalement la source bleue alors que les pertes de la "Lavière" sont liées au collecteur de la source Noire.
Ce gouffre du puits Fenoz s’ouvre dans une cavité, à l’extrémité d’une profonde doline allongée que le ruisseau en crue dévale dans un bruit de cascade. On disait alors que le "Poue Fénoz breuille". Si le débit est important, le Fenoz s’engorge, la doline se remplie et redevient silencieuse. L’eau se déverse alors dans les derniers entonnoirs du bassin.
Puits Fenoz à sec, cliché de Huguenotte.
S’agit-il d’une photographie de Monsieur Arsène Huguenotte, instituteur natif de "Chasot" et Officier d’Académie, qui a publié en 1928 une monographie fort intéressante intitulée : Chasot et environs ?
Lorsque toutes les pertes sont saturées, un lac peut s’étendre sur plusieurs dizaines d’hectares en causant d’importants dégâts aux deux villages qui l’environnent. Ce phénomène est fort ancien puisqu’en 1785, lors d’une très forte crue, les eaux auraient pénétré dans l’église de Chazot...
23 janvier 1910, l’histoire s’écrit aussi en cartes postales ...
Dates de quelques inondations dont certaines ont fait l’objet d’un arrêté de catastrophe naturelle. Une crue centenaire qui disait ...
25 et 26 juillet 1770 | inondation mentionnée dans la littérature : "le Puits Fenoz déborde, inondant Orve et Chazot" |
En 1785 | très forte crue, les eaux auraient pénétré dans l’église de Chazot... |
En 1794 | "...grande inondation : on parle dans le Pays, en disant que Dieu l’avait envoyée pour se venger et punir les révolutionnaires de Chazot...." |
janvier 1910 | importante inondation |
1953 | importante inondation |
du 08/12/1982 au 31/12/1982 | Arrêté de catastrophe naturelle |
du 23/05/1983 au 27/05/1983 | Arrêté de catastrophe naturelle |
du 14/02/1990 au 17/02/1990 | Arrêté de catastrophe naturelle |
De 1989 à 1991, un interclub (GSB, GSML, GSAM) a réalisé 4 pompages dans le puits Fenoz à Chazot dans le but de comprendre le fonctionnement de cette perte et trouver des solutions pour limiter les crues centenaires qui noient les deux villages de Chazot et Orve.
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