Puits romain de Mandeure : 3ème campagne ...
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Les campagnes de désobstruction de 2009 et 2015 avaient permis de vider le puits sur 19 m de profondeur, le niveau d’eau n’ayant toujours pas été atteint ni localisé.
Vu l’intérêt grandissant des découvertes, il avait été prévu d’organiser une nouvelle campagne en juin 2016.
Ce qui fut fait à partir du 6 juin 2016.
Mise en place de la chèvre et du matériel de relevage ...
Dans la coopération archéos-spéléos, on ne change rien par rapport aux autres années.
Du coté spéléo, on a réfléchi à l’amélioration de la sécurité qui reste prioritaire :
– La chèvre sur laquelle est suspendu le treuil est surélevée, ce qui permettra de vider plus facilement les seaux et de manœuvrer les blocs aisément.
– Utilisation d’un vrai seau de chantier fourni par GS Marcel Loubens d’Héricourt, et qui permet un vidage rapide et sécurisé.
– La grille qui ferme le puits sera intégralement retirée pour éviter les interférences avec les blocs volumineux.
– Une seule personne au fond du puits avec obligation de se mettre à l’abri pendant la remonté du seau. Dans le cas d’un bloc, l’accrocheur remonte à la surface pendant la remontée.
– Les personnes qui sont en surface doivent être longées et porter un casque.
Lundi 6 juin 2016 :
Récupération du matériel au local et mise en place sur le site pendant toute la matinée.
Pierrot est déjà présent, accompagné de Julien, un étudiant en archéologie qui prépare un masters sur les puits ... Il deviendra dans la foulée le 29 ème membre du club !
L’après midi, le chantier prend sa vitesse de croisière : Des quantités de morceaux de tuiles, des colonnes, des chapiteaux et 2 ustensiles non identifiés sont remontés.
Vue du fond du puits ...
Mardi 7 juin 2016 :
Énormément de fragments de tuiles sont remontées.
Une impressionnante strate de colonnes et chapiteaux fait suite et va nous occuper quelques temps. Pour remonter un bloc, il faut que l’opérateur le longe, le fait soulever sur quelques centimètres pour parfaire et vérifier le sanglage et évacue le fond du puits en remontant sur une corde. Arrivé en sureté à l’extérieur, la traction du bloc peut commencer. Ces opérations prennent beaucoup de temps ...
Manipulations en surface ...
Mercredi 8 juin 2016 :
Poursuite de la remontée de morceaux de colonnes pendant la matinée et mise à jour d’une énorme pierre qui fait toute la largeur du puits. Les dimensions sont imposantes : 1200 x 800 x 300 environ. Les calculs du poids nous montrent que le treuil et le câble sont sous-dimensionnés. Sortir la pierre avec nos moyens est donc impossible ...
La solution la plus simple serait de découper proprement la pierre en 3 morceaux. Facile à dire, mais comment faire ?
Tout l’après-midi sera occupé par une tentative de découpe à l’aide de charges Hiltis, mais sans succès. Le calcaire très crayeux est imbibé d’eau et pas assez compacte.
Les 20 mètres de profondeur sont dépassés ...
Jeudi 9 juin 1916 :
La nuit porte conseil. La technique des carriers avec des trous en ligne, des burins et un bon marteau est essayée. Après une bonne séance de frappe, la fragmentation bien franche est enfin obtenue. Après remontage à l’extérieur et assemblage, il s’agirait de la margelle du puits.
Des complications supplémentaires apparaissent : les blocs suivants sont tout aussi gros, fortement inclinés et en partie sous l’eau ...
L’équipe du soir essai de fragmenter le bloc suivant, mais subira une panne d’accus de la perceuse.
Une immense pierre apparait peu à peu ...
La même pierre enfin à l’extérieur ...
Encore des blocs ...
Vendredi 10 juin 2016 :
Il va falloir faire baisser le niveau de l’eau pour fragmenter les blocs et les arrimer. La pompe est mise en place et les essais de pompage sont fructueux.
La découpe du bloc suivant, mal placé, est longue et la remontée des morceaux, vu leur poids, délicate. Deux gros blocs sont encore visibles. En fait, toutes ces pierres volumineuses seraient la margelle du puits.
Découpe façon carrier ...
Pret pour la sortie ...
Samedi 11 juin 2016 :
Poursuite de la fragmentation et de la remontée difficile des blocs. Le câble du treuil est surveillé en permanence. Avec la pluie, de nombreux problèmes d’alimentation électrique perturbent le chantier. L’après midi un orage violent éclate …
Le niveau d’eau est à 21,800 m.
Les dernières pierres visibles sont remontées.
Le soir anniversaire de Christian au local et Julien fête sa première descente dans un puits.
L’orage approche sur le chantier ...
La pompe en action ...
Sortie du puits ...
Lundi 13 juin 2016 :
Le moral est au plus bas. Il pleut sans interruption et aucune amélioration n’est annoncée pour la semaine. Les essais de démarrage de la pompe sont sans suite. L’eau et l’électricité ne font pas bon ménage ... Il est décidé d’arrêter le chantier.
Mardi 14 juin 2016 :
Profitant d’une éclaircie, remontée de la pompe avec pas mal de difficultés : le niveau d’eau au fond du puits a monté d’environ 2 m et tout le matériel est sous l’eau.
Christian laissera même son joli appareil photo étanche ... au fond de l’eau !
Bilan de la campagne :
La profondeur de 22 mètres est obtenue, ce qui représente environ 5 mètre/cube de déblais évacués.
La nappe phréatique est atteinte.
La problématique posée par les gros blocs a été résolue.
Le partenariat spéléo-archéo est excellent.
Les archéos ont du boulot ...
Les participants :
Jean-Paul, Christian G, Vincent, Floriant, Julien, Cécile, Virginie, Laurie, Alex, Philippe, Arnaud, Claude, Olivier.
Remerciements :
Aux archéologues et en particulier à Séverine Blin et Pierre Mougin, pour nous avoir fait confiance.
Aux services techniques de la ville pour leur aide.
Au Groupe Spéléo Marcel Loubens, et en particulier à Jean-Marie Frossard, pour le prêt de matériel.
Les résultats ...
Présentation au public :
Dans le cadre des journées nationales de l’archéologie, le puits est éclairé et présenté au public par un couple de gaulois plus vrais que nature ...
Les visiteurs et les gaulois ...
Voir la 4ème et dernière campagne